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Decouverte à Tintignac
Un dépôt exceptionnel d'objets gaulois
November 29th, 2004

L'ensemble antique de Tintignac est cité en 1838 par Mérimée dans ses notes de voyage. Il est constitué de quatre édifices monumentaux : un fanum à double cella, un bâtiment dénommé " tribunal " à la fonction indéterminée, un théâtre, et une construction en hémicycle à absides de 90 m de long, aux sols et aux murs revêtus de marbre.


Vue générale Vue générale des structures de l'Age de Fer, avec au premier plan les trous de poteaux du bâtiment circulaire au centre du sanctuaire protohistorique ; les murs appartiennent à la galerie du temple gallo-romain des 1er et 2ème siècles.

Les fouilles programmées conduites depuis 2001 ont permis l'étude de la moitié de ce dernier et surtout la fouille exhaustive du temple pour lequel six phases d'occupation successives ont été identifiées. La toute première remonte à la période gauloise et plus précisément au Ier siècle avant notre ère. A cette époque le lieu de culte se présente sous la forme d'un vaste espace carré de près de 25 m de côté, vraisemblablement cerné par une palissade, au centre duquel se développe un bâtiment circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre, sur poteaux de bois. Au sein de ce bâtiment, seules les traces d'un foyer ont été mises en évidence. Le comblement des trous de poteaux et les sols environnants renfermaient de nombreuses monnaies d'argent éparses. Ces monnaies avaient été volontairement mutilées à coups d'outils dans le cadre d'un rituel bien connu avant la Conquête romaine.


Premier niveau de la fosse Premier niveau de la fosse : au premier plan chaudron en fer et tubulures de carnyx en bronze ; en haut et à droite, épées et fourreaux d'épées rangés le long des parois de la fosse.

C'est dans l'un des angles de la plate-forme sacrée qu'un dépôt de mobilier métallique a été mis au jour à la fin du mois de septembre 2004. Ce type de dépôt est bien connu sur d'autres sanctuaires de cette période. La fosse quadrangulaire renfermant ce mobilier, n'excédait pas 1,30 m de côté pour seulement 0,30 m de profondeur. Malgré ces dimensions réduites, le mobilier, étroitement imbriqué, s'est révélé abondant. Près de 500 objets ou fragments d'objets ont été prélevés. 


Vue d'ensemble des objets en bronze Vue d'ensemble des objets en bronze : éléments de carnyx, tête de sanglier (enseigne ?), casque… 

On notera ainsi la présence de nombreuses armes:
- une dizaine d'épées et de fourreaux d'épées en fer. Alors que la plupart possédaient un pommeau en bois, une seule est munie d'une poignée en bronze. Lames et fourreaux peuvent porter des décors rendus invisibles par la corrosion mais qui devraient réapparaître lors de leur restauration en laboratoire ; > quatre fers de lances;
- un umbo de bouclier. Il s'agit de l'une des parties métalliques des boucliers de la période celtique;
- neuf casques. Huit sont en bronze et un seul en fer. La plupart avaient reçu des coups d'outils. Certains conservaient leur couvre-nuque ou leurs couvre-joues. Le casque en fer porte des décorations réalisées sur un plaquage en bronze. De façon surprenante, trois anneaux de 0,30 m de diamètre se développent au-dessus de l'un des casques en bronze. Un autre enfin, tout aussi unique, prend la forme d'un cygne. Son cou constitue une corne frontale retournée vers le couvre-nuque qui figure la queue de l'oiseau . Ce type de casque demeure à ce jour totalement inconnu dans tout le monde celtique. 


Consolidation avant dépose des objets Consolidation avant dépose des objets.


Le fond de la fosse Le fond de la fosse : les cinq pavillons de carnyx (quatre sangliers et un serpent ?) avec les oreilles en tôle de bronze ; à gauche le casque en forme d'oiseau.

On ajoutera à ces armes les différentes parties d'animaux réalisées à l'aide de tôles de bronze:
- 2 têtes de sangliers très réalistes; 
- 1 tête de cheval;
- 1 tête d'un autre animal non identifié;
- 1 corps d'animal en connexion avec les deux pattes arrière;
- 1 patte avant. 

Les yeux de ces animaux semblent réalisés en verre. Les sangliers étaient sans doute à l'origine complets et construits à l'aide de tôles de bronze rivetées. Ils auraient ainsi pu constituer, montés au sommet d'une perche de bois ou de métal, des enseignes gauloises. Celles-ci étaient portées lors des combats en tête des troupes et servaient à marquer tous les mouvements. Seuls cinq exemplaires de ce type d'enseigne ont été découverts en Gaule. 

Parmi les différents objets identifiés, on signalera la présence d'un chaudron en fer et bronze muni de deux anneaux de suspension. On connaît l'importance des chaudrons lors des cérémonies religieuses celtiques. 
Des éléments de harnachement de chevaux tels que des mors et des disques de bronze (au nombre de sept) pouvant s'apparenter à des garnitures de harnais (phalères) ont également été mis au jour.

Le caractère exceptionnel de cette découverte réside aussi dans la mise au jour de plusieurs instruments de musique très bien conservés. On a ainsi pu dénombrer cinq carnyx. Le carnyx était la trompette de guerre des Celtes et participait, lors de l'attaque, au tumulte de la bataille. Parfois de la taille d'un homme, il était composé d'un tube droit et le pavillon figurait la gueule de quelque animal fantastique. Ceux découverts à Tintignac sont pourvus, pour quatre d'entre eux, de têtes de sangliers stylisés mais reconnaissables à leur groin et à leurs canines. Les sangliers étaient dotés d'oreilles démesurées en tôles de bronze. Le cinquième semble représenter plutôt un serpent. On trouve des représentations de ces trompettes sur des monnaies, sur des monuments triomphaux de la Gaule romaine et sur le chaudron de Gundestrup découvert au Danemark. En revanche, seuls quelques fragments ont été effectivement découverts, et ceci aux confins du monde celtique. Aucun exemplaire entier n'avait jusqu'alors été mis au jour.

Comme on peut le constater, la quasi-totalité des objets découverts dans ce dépôt possède un caractère guerrier. On peut donc imaginer qu'il en est de même de la divinité honorée sur ce sanctuaire, divinité qui pourrait être assimilée au dieu Mars romain. Bien que certains casques puissent s'apparenter à des armes d'apparat utilisées lors de cérémonies rituelles menées sur le sanctuaire, ce dépôt pourrait tout de même être considéré comme un trophée résultant d'une bataille. " Quand ils ont résolu de livrer bataille, ils promettent généralement à ce dieu le butin qu'ils feront ; vainqueurs, ils lui offrent en sacrifice le butin vivant et entassent le reste en un seul endroit. On peut voir dans bien des cités, en des lieux consacrés, des tertres élevés avec ces dépouilles ; et il n'est pas arrivé souvent qu'un homme osât, au mépris de la loi religieuse, dissimuler chez lui son butin ou toucher aux offrandes : semblable crime est puni d'une mort terrible dans les tourments " (César, Guerre des Gaules, VI, 17). En ce qui concerne la datation, ces objets semblent avoir été déposés au IIe ou au Ier siècle avant notre ère. Cependant, un premier examen des armes et des casques indique que certains éléments pourraient être encore plus anciens. Etaient-ils conservés depuis longtemps sur le sanctuaire avant leur enfouissement?

Le dépôt de Tintignac va intéresser nombre de spécialistes, français et étrangers, de la civilisation celtique et contribuera largement à la connaissance de cette période à l'échelle européenne.

Le caractère exceptionnel de cette découverte renforce encore l'intérêt de cet ensemble monumental antique le plus important du Limousin, déjà visité par un public nombreux. Les recherches s'inscrivent dans un ambitieux projet d'aménagement et de mise en valeur initié par la commune de Naves, propriétaire des terrains. Dans ce cadre, les objets découverts trouveront leur place dans un musée de site.

Christophe Maniquet, responsable scientifique (INRAP)
Martine Fabioux, conservateur régional de l'archéologie (DRAC)

 

La mise au jour de l'ensemble de ces objets s'est faite avec l'aide de plusieurs bénévoles : Emmanuelle Walthert, Caroline Parent, Fabien Loubignac, Bernard Simonnot, Aude Maroote, Cécile Pouget, Jonathan Teillon-Antenni, et Thibaut Vernat. La découverte a été suivie par un photographe de l'Inrap : Patrick Ernaux.

La dépose des objets Le laboratoire de conservation et de restauration Materia Viva de Toulouse est intervenu sur le site de Tintignac pour aider au dégagement et prélever le mobilier métallique. Les précautions élémentaires lors du dégagement consistent à préserver les matériaux existants et l'intégrité physique des objets. Des consolidations ponctuelles sont réalisées sur les parties très fragmentaires, par infiltration en cours de fouille de résine acrylique (Primal AC 33®) ou bien par renfort de fibre non tissée polyester imprégnée de Paraloïd B72 ® (résine acrylique) après séchage naturel des objets. Le prélèvement des objets fragiles ou en fragments est opéré par pose de cyclododécane, hydrocarbure saturé appliqué à chaud, avec renfort de gaze de coton. Les objets sont ensuite enveloppés dans du film étirable polyéthylène, avec étiquetage au marqueur indélébile sur support imputrescible en polyéthylène également (non tissé Tyvek®). Le stockage est conçu dès la fouille pour le transport : en bacs gerbables et blocages de chips ou film de polyéthylène. Les produits chimiques utilisés sont facilement réversibles et les matériaux d'emballage sont imputrescibles, hydrophobes et chimiquement neutres pour la conservation de ces pièces ; en outre ils sont radio transparents et permettent la radiographie et l'examen des pièces en limitant les manipulations.

En laboratoire, les pièces sont photographiées puis radiographiées pour préciser leur état de conservation et affiner leur étude. Les premières interventions consistent à éliminer les concrétions et le sédiment, tout en recherchant les restes éventuels de matériaux organiques (cuir, bois, textile…) qui peuvent subsister, parfois même à l'état de traces. Après l'examen et l'étude des objets, en collaboration avec les archéologues, les métaux seront traités pour éviter toute reprise de corrosion : des bains de sulfite alcalin pour éliminer les chlorures des objets en fer et des applications d'inhibiteur pour les alliages de cuivre.

Quant à la restauration proprement dite, pour présentation muséographique, elle interviendra dans une phase ultérieure. Elle pourrait être accompagnée de la réalisation de copies restituant les pièces dans leur forme d'origine.

Monique DRIEUX, Valérie UZEl et Tania EYERMANN. Toulouse, laboratoire Materia Viva.

 

 

© 2000-2007 LMB   -  Last Update: 15-lug-2007